C’est comme ça que tout commence, il y a quelques semaines. Il est 21h et je reçois le lien d’un article. Je clique, je lis, je pause mon téléphone. Je lis l’article une seconde fois. J’ai tout de suite ressenti le besoin d’écrire et de partager mes pensées avec vous.

Depuis cette fameuse soirée, j’ai beaucoup hésité à publié cet article. Je me demandais si mes propos allaient être déformés, si cet article allait servir à quelque chose, et mille et une autres questions me trottaient dans la tête. Toutefois, mon blog est aussi un espace de parole. Nous avons cette chance d’être dans un pays où les opinions peuvent être exprimées, alors je juge que certains points de vue méritent d’être partagés.

L’article en question rapportait les propos racistes dont à fait l’objet une personne vivant à La Réunion. Voici les propos tenus, mots pour mots (et même orthographe pour orthographe…) par une internaute sur Facebook :

Bande de singe occuper vous de netoyer vos plage le dimanche quand vous faite vos barbek interdit grasse a nous metro on vous fai vivre si on vous livre rien de metropole vous rester paysans du singe

Oui, pendant quelques secondes j’ai été tenté de me laisser aller à un flot de paroles peu flatteur pour cette dame. Toutefois, ne serait-ce pas s’abaisser au niveau de ceux dont l’étroitesse d’esprit répand un flot de haine injustifié aux yeux de tous ? Les mots prononcés par cette internaute m’ont blessé. Je m’en suis presque voulu d’être atteinte par ses propos mais, ne nous voilons pas la face. Il est très difficile de rester de marbre face à des propos qui attaquent ce que vous êtes : une Réunionnaise certes, mais un être humain avant tout.

Les Français d’Outre-mer – car oui, nous sommes Français – sont souvent le sujet de préjugés malheureusement persistants. Bien sûr, comme partout ailleurs, il y aura toujours ces individus qui ont le don de donner une mauvaise image de leur pays (d’ailleurs, comment peut-on penser qu’un seul individu définit tout un pays ?). Il est bien sûr absurde de faire d’un cas une généralité. Jugeriez-vous que tous les Américains sont misogynes sous prétexte que Donald Trump soit leur président ? Bien sûr que non.

Comment peut-on vivre dans une société où la mixité est une faute ? Cafres, Malbars, Yabs, Asiatiques, Arabes, Malgaches, Comoriens, Mahorais, Métropolitains, tous savent vivre ensemble sur un petit caillou de 2512km². Chacun s’adonne à leurs cultures tout en respectant celle de l’autre. Ce n’est pourtant pas si compliqué ! À la table d’un Réunionnais, on trouve en même temps un Musulman, un Chrétien, un athée. Qui compare-t-on à un mammifère moins évolué ? Ceux qui ont appris à vivre en paix avec les différences de chacun, ou ceux qui attisent les conflits en tirant les mentalités vers le bas ?

De plus en plus d’internautes se font remarquer sur les réseaux sociaux par des propos ouvertement racistes et malheureusement assumés. Enfin, à demi assumé puisque nombreux se cachent derrière l’anonymat permis par ces plateformes. Définir l’identité sociale d’un être humain à la couleur de sa peau, de son pays de naissance ou de celui de ses parents, est de la pure intolérance. Un argument que l’on retrouve souvent pour justifier les propos haineux de certains, c’est de faire une généralité. Francky Vincent fait des chansons qui parlent de sexe, alors tous les Antillais sont des « chaud-lapins » ? La Réunion est une île perdue au milieu de l’Océan Indien, alors on se balade en pirogue ? (Propos qu’on m’a déjà lancé à la figure…)

Le racisme n’est pas un jeu. Les propos intolérants sur le web, qu’ils soit dit avec conviction ou par pur légèreté, sont comme des coups de lames que l’on donne virtuellement. Les réseaux sociaux ont permis de donner la parole à tous, ce qui est nécessaire et indispensable dans une démocratie. Malheureusement, cela veut aussi dire que les racistes disposent d’une tribune plus grande pour répandre leurs idées régressives. Un clavier, un réseau, on publie et c’est lâché dans l’arène. Je ne remets pas en cause l’utilité des réseaux sociaux, loin de moi cette idée. C’est plutôt l’utilisation qu’en font certains qui est inacceptable. J’ose prétendre que certains ne mesurent pas leurs propos et n’ont pas conscience de l’impact que cela peut avoir pour ceux qui les lisent (naïveté quand tu nous tiens). Les premiers touchés sont les victimes des déclarations raciales. Je vous laisse imaginer la violence des mots qui réduisent en poussière ce qui constitue votre identité. De même, les esprits influençables, fragiles ou en construction peuvent adhérer à ces déclarations et ainsi créer un effet boule de neige.


Si vous avez été victime de racisme, voici ce qu’il faut savoir pour vous défendre : SOS Racisme.


À cette internaute et à ceux qui partagent des idées racistes envers des personnes d’origine autres que la leur, sachez que nous sommes tous l’étranger de quelqu’un. Le racisme est l’expression d’une haine due à une dangereuse ignorance. Ceux-là même qui critiquent à tout va une population mais qui s’empressent de prendre un billet d’avion pour profiter des joies d’une culture différente et des paysages paradisiaques. Contradictoire avez-vous dit ? C’est bien là le paradoxe de ces intolérants à la paix. Oui, le raciste présente une intolérance incommensurable à la paix. Comment peut-on prétendre vouloir le mieux pour son pays, sa culture, et en même temps répandre la haine, confronter les gens par leurs différences en leur donnant l’impression que c’est un handicap plutôt qu’une force ? Le racisme n’est ni du patriotisme, ni une opinion. C’est un délit. Le raciste est le bouffon de la société. Pour que l’on soit bien d’accord, rappelons un des sens du mot « bouffon » (Larousse) : « personnage ridicule, auquel sa conduite fait perdre toute considération ».

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