En 2018, les Éditions Fayard publient Nous étions seulement des enfants de Rachel Jedinak. Un livre émouvant, une histoire révoltante, une vie bouleversée. Quand l’histoire rencontre l’Histoire, c’est un récit poignant que nous livre la protagoniste, l’autrice elle-même.
Présentation : Nous étions seulement des enfants, Rachel Jedinak
Nous étions seulement des enfants raconte l’histoire de Rachel Jedinak. Celle d’une enfance qui a pris fin bien trop tôt, dans les heures noires de l’histoire de notre pays. Remontons le temps, entre 1939 et 1945. La Seconde Guerre mondiale frappe de plein fouet la planète. Hitler et la montée du nazisme engendrent le chaos, la destruction, la barbarie, la mort. Dans son récit, Rachel Jedinak nous compte à travers ses souvenirs d’enfance, comment elle, enfant juive de Bellevilloise a vécu cette tragédie de la guerre. Tout commence un dimanche matin de l’été 1939, dans un café à l’angle du boulevard et de la rue Belleville. Rachel s’installe avec son père. Encouragée par sa sœur également présente, qui lui a appris l’alphabet, elle déchiffre les mots d’une affiche placardée sur le mur : « mobilisation générale ! ». Son insouciance de petite fille ne lui permettait pas encore de comprendre que cette simple phrase allait profondément bouleverser sa vie.
Ce même été, le départ de son père engagé volontaire pour la France approchait. Le moment venue, tout s’enchaîne. La fuite, la séparation, l’horreur, la rafle.
Mon avis
C’est un récit bouleversant. Ni plus, ni moins. Après cette lecture je me suis retrouvé dans une sorte d’ambivalence. D’une part je n’avais plus les mots face à cette histoire tragique. D’autre part, les mots se bousculaient dans ma tête face à tant de souffrance. Le contraste entre les mots d’enfants que l’autrice utilise et la cruauté des scènes qu’elle raconte accentue ce sentiment d’assister à la fin d’une innocence, celle d’une petite fille forcée à grandir trop vite. Son récit jongle entre ces souvenirs et son état d’esprit actuel. On ressent le chemin personnel parcouru, la colère, la résilience, la reconstruction.
Ce livre est à mettre entre les mains de tous. Les atrocités de la guerre paraissent si lointaines. Nous sommes en 2020, cela ne fait que 75 ans que cette Seconde Guerre mondiale a pris fin. L’échelle d’une vie, petite et fragile, voilà ce qui nous sépare aujourd’hui de cette période sombre de notre histoire. C’est un devoir de mémoire auquel nous devons mettre notre pierre à l’édifice. Tous, à 6 ou 70 ans, nous devons être pleinement conscients de ce qui s’est passé pour ne plus reproduire cette barbarie, cette ignominie, ce génocide. Ne déléguons pas ce devoir à l’Éducation nationale seul. Nous aussi, en tant que citoyen et humain, transmettons ce devoir de mémoire aux générations futures pour qui cette guerre peut n’être qu’une simple page d’un manuel d’histoire.
Postées devant l’école, je vois encore Jeannine et sa maman. Elles aussi portaient l’étoile jaune. Et comme sur nous, elle semblait peser des tonnes. Ce n’était qu’un morceau de tissu, pourtant il transformait tout.
Rachel Jedinak, Nous étions seulement des enfants.
Cette phrase est lourde de sens. En la lisant, j’ai eu l’impression de ressentir ce poids. Cette étoile, je l’ai vue comme une caisse de plomb jetée sur des épaules encore bien fragiles. Chaque phrase, chaque anecdote, chaque souvenir est un voyage dans le temps. Un voyage que nous n’aurions jamais dû faire mais qui, pourtant, est aujourd’hui essentiel pour comprendre ce lourd passé.
Je ressentais un chagrin immense, plus grand que le monde. L’étoile, sur la poitrine, me brûlait.
Rachel Jedinak, Nous étions seulement des enfants.
En 1997, est créé le Comité Tlemcem du XXe arrondissement. Ce comité, dont Rachel Jedinak fait partie, a pour objectif de poser des plaques dans les écoles en mémoire des enfants juifs morts en déportation. Parallèlement, elle témoigne également dans les établissements scolaires pour que les jeunes générations soient conscientes de ce passé. Dans son livre Nous étions seulement des enfants, elle partage avec nous une anecdote vécue lors d’une de ces interventions… Je vous invite vivement à lire ce livre pour la découvrir. Vous comprendrez à quel point le travail d’éducation est central dans la transmission de la haine ou, au contraire, de la paix.